JUST DREAM, dans les coulisses d’un atelier de rêve

Qu’est-ce qu’un atelier « Just Dream » et pourquoi tenter l’aventure ?

 

Il n’y a pas de science des rêves mais plutôt des outils à connaître pour décrypter leurs messages. C’est un peu ce qu’on propose à travers ces ateliers originaux où l’énergie du groupe permet de mieux saisir encore toute la magie et le pouvoir des rêves.

Le savoir est entre les mains du rêveur

La salle de MyShala, dont les grandes baies vitrées offrent une vue splendide sur la mer, est l’espace qui nous a accueillies pour cet atelier très spécial. Nous avons eu la chance de réunir six femmes ayant toutes déjà une relation particulière avec leur vie onirique. Elles avaient en commun d’être très à l’écoute de leurs songes, certaines nous confiant qu’elles faisaient souvent des rêves prémonitoires, d’autres qu’elles avaient autour d’elles des parents proches habitués à recevoir des messages à travers ce canal. C’est la première fois que toutes les participantes, sans exception, nous font part de leur confiance totale en les messages des rêves.

Arrivée à 18 heures. La lumière du jour baigne encore la salle et commence à peine à décliner. Nous disposons les sièges et les couvertures en cercle. Quand les participantes sont au complet, Ilham pose le cadre de confidentialité et nous faisons ensuite un tour de cercle pour que chaque participante se présente, nous parle de son rapport à ses rêves et de ses attentes à l’égard de cet atelier. Beaucoup d’entre elles évoquent l’habitude qu’elles ont d’attendre qu’un proche leur révèle le message enfoui derrière leurs images. Et c’est là qu’Ilham nous livre la première chose essentielle à se rappeler pour décrypter les messages de nos songes :

Personne ne peut connaître mieux que soi-même le message d’un rêve. Bien que culturellement, nous entretenons une proximité avec nos rêves, nous avons souvent tendance à penser que certaines personnes sont mieux placées que nous pour déchiffrer leurs messages. Pourtant, chaque rêveur sait au plus profond de lui ce que le rêve vient lui dire.

Cette clé indispensable pour décoder les messages de notre monde onirique semble parler à chacune. Nous sommes unanimes à reconnaître que nous avons trop souvent l’habitude de léguer à d’autres le pouvoir d’interpréter nos songes. Cet atelier est aussi là pour nous rappeler que le pouvoir est en nous, qu’il n’y a pas de dogme, de recette toute faite, de magicien oniromancien qui manie parfaitement l’interprétation des rêves. En matière de rêve, il n’y a qu’un sujet qui sait mieux que quiconque ce que son scénario nocturne veut lui dire, et c’est le rêveur lui-même.

Cette vérité peut en décevoir certains qui espèrent obtenir durant cet atelier des techniques imparables pour comprendre les symboles de leur vie onirique mais la déception est courte puisque, finalement, on saisit rapidement toute la portée de cette découverte: si le rêveur est le mieux placé pour comprendre ses rêves, c’est que toutes les réponses sont déjà en soi-même pour peu qu’on fasse l’effort de se pencher sur les productions nocturnes de  l’inconscient.

Ilham nous introduit ensuite à sa grille de lecture des rêves: PEAR&EOS. Certains éléments du rêve sont importants à noter, comme les personnages présents, l’environnement, l’état émotionnel associé aux images du rêve et d’autres éléments. Il est donc temps de choisir un rêve et d’y appliquer la grille de lecture.

A la rencontre d’un rêve…

 

 

Il est 19h 30. Le soleil s’est couché et la lumière du crépuscule nous prépare à pénétrer le monde des songes, la tombée de la nuit nous invitant à entrer en nous-même.

Après quelques minutes passées à se remémorer tous les éléments saillants du scénario onirique, il est temps de démarrer une méditation à la rencontre de ce rêve choisi. Il peut s’agir d’un rêve récent ou ancien, datant même de l’enfance, peu importe, pourvu que son contenu continue de nous interpeller. Bercées par la voix d’Ilham, en position couchée, nous voilà plongées dans un état de semi-veille. Et pour ma part, je passerai toute cette méditation à courir après un rêve dont le contenu  ne cesse de m’échapper, les images disparaissant au moment où j’ai l’impression de les saisir.

C’est enfin le moment d’émerger de la visualisation. On se reconnecte à notre environnement, aux autres participantes, à l’énergie du groupe et chacune va partager le rêve qu’elle a choisi aux autres. C’est le moment le plus intéressant et le plus trippant de tout l’atelier. Nous voilà parties à la découverte du monde onirique de chacune, de ce monde empli de symboles, de métaphores, de signes, de décors surréalistes, de personnages inconnus, de situations rocambolesques. Chaque femme qui prend la parole nous ouvre à la richesse de son univers intérieur qui est finalement bien plus intime et singulier qu’on ne le pense. Raconter un rêve, c’est accepter de livrer une petite part de soi et c’est le jeu auquel chacune de nous s’est prêtée ce soir-là: se mettre à nu en ouvrant la porte de son monde fantasmatique.

A ma gauche, Salma raconte ce rêve fait à l’âge de huit ans où elle voit sa maison envahie par l’armée. Le scénario résonne étrangement avec des éléments de sa vie actuelle et de sa dernière prise de conscience. Les autres femmes sont ébahies de constater à quel point ce rêve qui date de plusieurs décennies vient livrer un message sur sa problématique actuelle et sur la voie à suivre. Parce qu’en plus d’avoir sa logique propre, l’inconscient ne connaît pas les lois de l’espace et du temps.

Oumaima nous raconte à son tour sa scène onirique: un mariage féérique avec une ombre au tableau: une table dressée pour les morts. Et la mariée qui se demande pourquoi il faut donner à manger aux morts. De là, une mise en parallèle avec le vécu actuel de la jeune femme qui est dans une période de grande transformation dans sa vie. Chacune y va de ses questions, de ses interprétations et de ses associations pour aider la rêveuse à mettre du sens dans ce rêve à la fois dense et labyrinthique.

Quand les songes sont une porte d’entrée vers un ailleurs

« Il n’y a que dans les rêves qu’on peut rencontrer nos morts et leur parler. » Voilà un propos très juste tenu par un intervenant dans une merveilleuse série documentaire de France Culture intitulée « La mécanique des songes ». Les partages des participantes de cette soirée lui donnent totalement raison.

La mort est en effet particulièrement présente ce soir. Elle se manifeste sous la forme d’êtres chers disparus qui reviennent livrer des messages. C’est la grand-mère de Marwa qui sort de sa tombe, le visage rayonnant et témoignant d’un paradis somptueux à sa petite fille, tandis que le cimetière scintille comme un lieu enchanté. C’est la maman de Rime qui lui apparaît chétive et affaiblie et qui lui confie quelque chose sur sa sœur. C’est le mari d’Imane qui revient dans la maison familiale mais qui ne daigne pas la regarder. Imane sort en larmes de cette visualisation, le rêve venant réveiller son sentiment de solitude et d’isolement.

Non, les scénarios de nos rêves ne sont pas toujours doux et acidulés. Ils sont même, pour la majorité, empreints d’émotions lourdes et d’images angoissantes. Mais les rêves aiment qu’on s’intéresse à eux. Si vous prenez le temps de vous pencher sur un songe qui a laissé une empreinte apparemment négative, vous verrez que son contenu latent n’est pas là pour vous perturber mais plutôt pour vous guider et vous signifier quelque chose.

C’est un des autres apprentissages de cet atelier: Les rêves sont nos alliés et il n’existe pas de rêve insensé. Il y a un véritable génie dans la façon dont l’inconscient reprend des éléments de la vie diurne et les ré-agence, les réorganise pour créer un scénario tout à fait inédit et original, parfois confus mais toujours porteur d’un message.

Un rêve est par essence multidimensionnel

Il est 21 heures. Pour clôturer cet atelier, c’est à mon tour de prendre la parole et de présenter mon rêve que j’interprète selon deux plans: le plan de l’objet et le plan du sujet. Il s’agit d’une approche des rêves initiée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung et qui rend admirablement compte de la multi-dimensionnalité de nos songes. Un rêve interprété sur le plan de l’objet considère les personnages du rêve pour ce qu’ils sont et nous renseigne sur notre relation aux personnes présentes dans le scénario du songe. Elle accorde une réalité objective aux êtres et aux événements qui interviennent dans le rêve. Ainsi, on peut imaginer qu’il donne accès à une immense banque de données, à un champ de conscience unifié et qu’on peut puiser des informations sur les autres et ce qui nous lie à eux à travers lui.

La deuxième approche, sur le plan du sujet, consiste à voir les personnages du scénario onirique comme des aspects de la psyché du rêveur. Par exemple, le fait de rêver que je me réconcilie avec un ami que je trouve agressif peut signifier que je suis prête à accueillir une partie de moi que je trouve agressive et à faire la paix avec ma part d’ombre. Les personnages du rêves sont des symboles d’énergie déterminant ma psyché inconsciente. Il devient alors intéressant de noter les personnes qui reviennent souvent dans nos songes et de mentionner leurs caractéristiques, leurs qualités et leurs défauts. Et à partir du scénario, tenter une interprétation de ce que celui-ci nous dit de notre rapport aux différentes facettes de nous-même.

L’atelier s’achève. Les baies vitrées de la grande salle de MyShala ouvrent sur la nuit noire. Nous allons bientôt retrouver ce monde qui nous paraît si réel quand nous y sommes. Les participantes nous font part de leur ressenti: certaines restent sur leur faim, d’autres sont plutôt contentes des outils apportés et toutes sont interpellées et troublées  par l’expérience, reconnaissant que le continent des songes demeure bien mystérieux.

Mais les ateliers « Just Dream » ne sont pas là pour percer le mystère des rêves. Ils ont plutôt pour rôle d’aider à l’appréhender et à cheminer avec ces petites histoires qui chaque nuit nous éclairent sur une part de nous-même et de notre vie.

 

 

Laisser un commentaire