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Le travail d’une vie: un recueil de sagesse signé Thierry Janssen

Dans ce livre passionnant, le médecin et psychothérapeute belge Thierry Janssen offre une description inédite, à la fois simple et rigoureuse, de la conscience humaine. A travers la lecture de cet ouvrage, on comprend que le modèle de la conscience que nous présente T. Janssen est tiré de son expérience en tant que thérapeute auprès de nombreuses personnes, des réflexions nées à partir de son métier.

Pour vous encourager à la lecture de ce livre riche, profond et simple à la fois, je vais partager avec vous les idées principales qu’expose T.Janssen.

« Le Travail d’une Vie » donne de nombreuses clés pour apprendre à s’accepter, à intégrer ses ombres, à se transformer et à dépasser les peurs profondes et bien enfouies en nous qui nous viennent de l’enfance.

Le modèle de la conscience présenté par Janssen est composé de 4 entités:

  • Le masque: C’est la première personne que nous entendons en nous. Le masque veut afficher un visage parfait pour être reconnu par ses pairs et être digne de pouvoir exister dans le monde. Pour le masque, si quelque chose ne va pas, c’est la faute des autres. Le masque est la production du Séparateur et peut prendre trois aspects: l’amour, le pouvoir et la sérénité. Il choisira d’afficher ces trois qualités de façon inauthentique pour emporter l’adhésion et contrôler le monde extérieur.
  • Le séparateur: Il reste caché derrière le Masque qu’il a créé pour ne pas avouer son intention d’être différent, plus puissant mais aussi méfiant du monde extérieur qu’il voit comme un espace hostile, à conquérir puisqu’il est séparé de lui. Contrairement au masque, les intentions du séparateur sont claires: il cherche à retrouver l’unité perdue en éliminant les obstacles et en dominant tout ce qui lui paraît être en dehors de lui.
  • L’unificateur: Il a une conscience innée de l’unité qu’il sait omniprésente, malgré l’expérience de la dualité et de la séparation que l’on fait, en tant qu’humains incarnés. T. Janssen écrit à son sujet: « L’Unificateur, cette autre polarité du pouls de la vie, expérimente le monde comme un tout dont nous sommes indissociables et voit l’autre comme le même. Lorsqu’il dit: « je t’aime », il ne s’agit pas d’un amour partiel – comme le Séparateur l’exprimera à travers son Masque, mais bien de l’Amour, qui sous-entend un: « Je t’aime parce que je m’aime. Je te respecte parce que je me respecte, puisque nous sommes les mêmes. »
  • L’observateur: C’est cette personne en nous qui voit tout mais ne juge rien. Cet ami qui laisse le Séparateur exprimer sa peur et sa colère, permet de transformer l’énergie de séparation en énergie d’union. Tout le travail d’une vie consiste à passer de l’énergie de la séparation à l’énergie d’union, en permettant à l’Observateur de faire son travail de transformation .

La naissance: Le passage de l’unité à la séparation

Janssen nous explique que toute vie humaine est en tension entre ces deux pôles: l’union et la séparation.

La 1ère expérience de la séparation que nous faisons est celle, traumatisante, de la naissance. Avant la naissance, dans le ventre de notre mère, nous sommes dans la fusion, dans l’unité et la chaleur du liquide amniotique. Nous sommes en symbiose avec ce qui nous entoure, nos moindres besoins étant satisfaits dans l’instant, bercé par la voix et les respirations de celle qui nous porte. La naissance est donc ce moment traumatique où nous quittons le milieu clos, aquatique, unifié, du ventre de notre mère pour aller vers un espace froid, hostile, où la frustration et le manque sont de mise. Nous nous apercevons assez vite que pour retrouver cet état d’unité et de plénitude, pour que maman revienne, il suffit de pleurer. Nos parents deviennent rapidement « les décideurs omnipotents de la possibilité de notre retour à l’état d’unité. » Puis, par la suite, avec les premières obligations qui viennent dans la petite enfance, nous avons le sentiment d’être encore plus coupé de l’unité avec toutes ces règles qui dirigent notre vie (entrée à l’école, règles de vie à la maison, etc…) et pour jongler et continuer à recevoir l’amour de nos parents, nous créons des masques car « nous avons jugé inavouables la peur, l’égoïsme et l’orgueil de l’énergie séparatrice qui nous animait. »

Les êtres qui recherchent l’unité fuient parfois dans la rêverie et se coupent de la réalité:

Une des idées très intéressantes de ce livre est que, paradoxalement, aspirer à l’unité peut nous mener à fuir dans des arrières-mondes, dans notre imagination. Les personnes aspirant à retrouver l’unité d’avant la naissance ont une réelle difficulté à accepter la réalité et à y faire face. Le rêve est pour elles un moyen de retrouver l’unité et le sentiment de plénitude qui y est associé. C’est une habitude que ces personnes auront pris dès l’enfance, lorsqu’elles ont ressenti en provenance du monde qui les entourait de l’angoisse, de l’hostilité ou du rejet. Elles se sont alors réfugiées dans le monde de l’esprit, « là ou il suffit de rêver pour que les pensées se réalisent à la vitesse de la lumière. C’est ainsi que, plus tard dans sa vie, chaque fois qu’il sera effrayé par le monde qui l’entoure, l’enfant revivra sa peur d’être anéanti et utilisera sa défense de fuite. Il s’échappera instantanément quelque part dans ses rêves. » C’est en ces mots que le thérapeute s’exprime au sujet de l’enfant qui fuit dans ses rêves et qui, une fois devenu grand, continuera à fuir la réalité en se réfugiant dans des paradis artificiels: la prise de drogue, l’alcool, les jeux vidéos, sont autant de moyens d’aller « ailleurs ». Et finalement, quoi de plus ennuyeux que la réalité dans laquelle nous devons porter des masques, composer, faire face à des difficultés et travailler dur pour pouvoir incarner ses rêves ? Il devient d’autant plus ardu de l’accepter que nous nous sommes réfugié dans un arrière-monde ou le plaisir est accessible dans l’instant, ou la gratification est immédiate. Pourtant, ces personnes qui se défendent par la fuite privent le monde de leur talent et de leurs dons. Elles sont en général extrêmement créatives mais le problème, nous dit Janssen, vient de leur difficulté à établir un lien entre leurs merveilleuses idées et leur capacité à trouver le temps, l’espace et la motivation pour les faire s’incarner dans la matière. « Lorsque ceux-ci prennent corps dans le monde physique, ils sont souvent porteurs d’un message profondément spirituel, en étroite connexion avec le monde dans lequel ils trouvent refuge. » Les rêveurs ont beaucoup à gagner à revenir sur Terre et à faire profiter les autres de leur esprit fertile et créatif !

Mais comment revenir à la réalité quand on a tellement pris l’habitude de fuir dans des arrières-mondes ?

Janssen est catégorique: Dès que l’on se sent partir pour voyager dans des sphères lointaines, il est nécessaire de revenir, en s’arrimant à son corps et à sa respiration. En somme, revenir au présent et à ce qu’il y a de plus tangible et s’apercevoir que le présent n’est finalement pas si menaçant.

Le livre de Janssen regorge de réflexions pleines de justesse et de pertinence sur de nombreux sujets: le rêve, la sexualité, l’amour, le couple, le rapport à l’argent, la condition humaine en somme.

M’intéressant à l’univers des rêves depuis quelques temps, j’ai trouvé les passages sur les rêves particulièrement éclairants sur la richesse de notre vie onirique et ses messages. Et tous ces sujets plus passionnants les uns que les autres sont abordés à travers le prisme du modèle de la conscience qu’a développé Thierry Janssen, ces quatre personnages que sont le masque, le séparateur, l’unificateur et l’observateur. Car, que ce soit au niveau individuel ou collectif, la tension entre l’union et la séparation est présente partout. Et l’auteur d’ajouter: « Chaque instant de votre vie est une opportunité de transformer la séparation en union. »

« Le travail d’une vie » est un recueil de sagesse qui témoigne du travail profond et authentique sur lui-même de son auteur. C’est un témoignage riche, dense et simple dans lequel on peut revenir souvent, autant de fois que nécessaire pour que la sagesse qu’il recèle s’imprime et nous accompagne.

Quelques passages inspirants du livre :

  • « La nature, l’expérience artistique, la sexualité et la méditation sont des lieux privilégiés où nous pouvons entrevoir l’immense beauté de l’unification. Nous devinons alors une dimension plus vaste de qui nous sommes. Hélas, nous avons beaucoup de mal à en poursuivre l’exploration. Car nous avons peur. Nous manquons de confiance. Ce sens de l’unité et de l’harmonie, curieusement, nous pouvons le pressentir aussi dans la souffrance, la nôtre et celle des autres. L’Unificateur que nous sommes nous apparaîtra alors sous la forme d’une image intérieure héritée des archétypes de la conscience collective de l’humanité. Un sage, un maître, un ange, un dieu, une voix, un animal, un paysage, le silence. »
  • « Le plaisir est cette merveilleuse sensation de sentir la force de la vie couler en nous, une sensation que nous connaissons bien puisqu’elle est la substance de l’Univers, l’Océan dans lequel nous avons grandi avant d’ouvrir les yeux sur le monde de la dualité. A ce moment-là, nous expérimentions un extraordinaire flux d’énergie et nous ressentions, simplement, le plaisir d’être. Etre vivant. Ce plaisir-là est amour inconditionnel, sagesse totale et paix infinie. Il est don et acceptation, maîtrise et lâcher prise, musique et silence. Nous le recherchons inlassablement car il est notre nourriture, l’énergie de la vie, le secret de ce que nous appelons le bonheur. »

« Je rencontre beaucoup de gens qui, après des années de psychanalyse, ayant l’impression de tourner en rond dans leur tête, souhaitent entamer un travail psycho-spirituel. Au début de nos conversations, ils ont tendance à rester au niveau de leur mental. Ils racontent, expliquentm justifient…, mais rien ne change tant qu’ils n’acceptent pas de descendre dans le ressenti de leurs émotions. Mon travail est de les y guider en les rassurant, insistant sur le fait qu’il n’est pas dangereux de revivre dans le corps les émotions qui nous terrifiaient lorsque nous étions enfants. Quand ils trouvent le courage de recontacter leurs blessures et leur colère, très vite, les défenses du mental se réorganisent pour les empêcher d’approfondir leur exploration. Leur crainte d’anéantissement est énorme, Je leur propose alors de respirer, de sentir leur corps et d’écouter ce qu’il a à leur dire. »

« Ainsi, les pires aspects de la nature humaine possèdent toujours un pendant positif qui peut être révélé par notre travail de transformation. Tous nos défauts contiennent une énergie potentiellement positive. Nous avons donc intérêt à les explorer au maximum afin de nous réapproprier cette énergie et de l’utiliser dans la construction de notre bonheur. »

« L’essence serait l’insondable substance de toute chose, ce mystère que nous imaginons comme une force vitale qui pulse dans une dimension que nous humains, avec notre esprit analytique et nos limitations spatiales et temporelles, nous ne pouvons appréhender en dehors de l’expérience que nous appelons la vie. L’essence serait donc ce qui nous relie tous, la condensation en dehors du temps et de l’espace de tous les possibles dont, au travers de notre existence individuelle, nous exprimons certains aspects particuliers. Ainsi, lorsque nous arrivons à entrer en contact avec notre essence, nous connaissons le sentiment merveilleux d’appartenir à quelque chose d’infini, et, même, de devenir cet infini. C’est ce que nous appelons l’expérience mystique qui nous éveille au sens profond de notre vie et nous plonge dans l’humilité de l’insondable. »

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