« Intuitio » est le 8ème ouvrage de Laurent Gounelle, l’écrivain qui mêle avec brio roman et développement personnel. Cette fois-ci, il s’essaie à un nouveau genre: le thriller, pour aborder un thème rarement abordé en littérature: l’intuition.
L’histoire: Timothy Fisher, un homme à la vie en apparence banale, écrivain qui peine à être reconnu et qui vit avec son chat Al Capone dans une rue du Queens à New York voit débarquer chez lui deux agents du FBI qui lui demandent de les aider à retrouver le criminel qui incendie des boites de finance et des multinationales aux Etats-Unis. Pour y parvenir, ils lui proposent de le former à un programme secret visant à permettre d’accéder à souhait à ses intuitions et de devenir un intuitif. D’abord complètement incrédule, Timothy finit par se laisser convaincre et découvre une méthode d’accès à son intuition qui vient totalement bousculer sa conception du monde.
Laurent Gounelle raconte qu’il a voulu écrire sur l’intuition après qu’il ait lui-même été formé à cette méthode inédite qu’est le « remote viewing » en 2015. Décrite avec précision dans le livre, il s’agit de se connecter à un lieu qui n’est pas connu à l’avance par la personne et dont la photographie est scellée dans une enveloppe. Pour pouvoir deviner le lieu, il faut, à l’aide d’un stylo qu’on tient en main, dessiner une forme sur une feuille blanche sans laisser le mental interférer. C’est le plus difficile à faire: ce lâcher-prise de la main tenant le stylo demande un entraînement puisque nous avons trop l’habitude de laisser la réflexion l’emporter et prendre le pas sur notre intuition.
Et c’est la méthode que va découvrir Timothy quand les agents du FBI venus le chercher lui demanderont d’identifier un lieu inconnu. En s’apercevant que cela fonctionne, il voit ses certitudes vaciller: si j’ai accès à des informations sur un lieu très éloigné de moi physiquement et pour lequel je n’ai aucun moyen d’avoir des informations par mes cinq sens, alors cela signifie que ma conscience ne se réduit pas à une activité cérébrale produite par mon cerveau. De là, une remise en question de sa vision cartésienne du monde et un questionnement sur la nature de la conscience.
Sans trop en dire sur ce récit haletant et bien mené, Laurent Gounelle réussit de façon originale à mêler thriller, développement personnel et engagement en abordant la question urgente de l’écologie et en dénonçant les agissements dépourvus d’éthique de multinationales qui s’enrichissent de façon indécente sur le dos des populations. L’écrivain a le mérite de citer des noms et des chiffres authentiques et de prendre position de façon claire en parlant d’une réalité peu reluisante. La première partie du livre s’étend davantage sur l’intuition, ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas, sur la méthode du « remote viewing » et comporte quelques longueurs.
L’histoire démarre véritablement à la deuxième moitié du livre donc je conseillerai aux lecteurs impatients de s’accrocher car l’auteur ne dévoile son talent pour le suspense et les rebondissements qu’après les cent premières pages.